A l’heure où les réseaux sociaux se déchaînent contre toutes les choses sur lesquelles ils peuvent trouver un semblant d’appui, lire sans interruption quelque chose de concret paraît aphrodisiaque. Évidemment, je m’adresse aux férus de culture, mais si vous lisez ces lignes c’est sûrement que vous l’êtes. Le Nouvel Aix a innové cette année avec la création d’un site internet, qui suscite parfois de l’approbation, ou parfois des débats épicés. Mais n’oublions surtout pas sa vocation première : journal trimestriel. Cette fonction étincelante a été ternie par notre ami le coronavirus, qui s’est bien amusé à entraver l’impression de notre premier numéro. Mais chacun de nous passe plusieurs heures de sa journée sur un écran de téléphone ou d’ordinateur, alors c’est pratiquement un devoir de s’intéresser à ce document mystérieux et passionnant.
Je ne tarirais jamais d’éloges sur le travail que l’équipe du Nouvel Aix ainsi que nos rédacteurs a fourni dans ce projet, mais il s’agit tout de même de comprendre ce qu’il se passe au cours de notre premier numéro hivernal. Parler de l’absurde. Dit comme ça, ça laisse dubitatif. Je sais. Vous pensez à Albert Camus, et probablement aux milliers de masques que vous avez porté depuis mars 2020. Je sais. C’est logique. Nous aussi, on a eu envie d’aborder ces choses concomitantes à l’idée absurde, mais s’en tenir là serait une insulte à la portée culturelle de cet adjectif. Car pour paraphraser les mots du maître de ce courant littéraire, l’absurde dépend autant de l’homme que du monde.
Là où Tom nous explique son incompréhension quelques heures après avoir sélectionné son film Netflix du soir il y a quelques années, et comment American Psycho l’a laissé pantois (notamment lorsque le personnage principal se décide de façon spontanée à tuer à peu près toutes les personnes qu’il croise), Prune préférera aborder les moments les plus absurdes que la mode a connu. Un domaine si intemporel, presque mythique en France, et qui oscille entre déclin et resurgissement, serait-il aussi en proie à ce phénomène ? Mais alors, au final, qu’est-ce qui n’est pas absurde ?
Le monde qui nous entoure semble parfois se démunir de tout sens, et notre article dédié aux temps modernes ici synonymes de la COVID-19 le révèle particulièrement :
« Le COVID 19 est parfois perçu comme un être invisible pourvu d’intelligence, qui guette ses proies en silence. Cette personnification du virus est une fois de plus un caractère absurde, caractéristique de la situation actuelle. Nous sommes plongés dans un film d’horreur et de suspense, mais étrangement condamnés à ne pas savoir quand celui-ci va s’arrêter. Il n’y a plus de raisonnement logique et pensé. ».
Vivre dans une société absurde au temps du COVID-19, Alice Joly
Et si, par le plus grand malheur, je ne vous ai pas encore convaincus, je vous laisse alors la surprise d’un poème exclusif proposé en conclusion, comme pour achever un clou que nous nous sommes obstinés à planter page par page, article par article, pour vous convaincre d’une chose : chacun d’entre nous peut percevoir l’absurde d’une façon qui lui est propre et libre, mais nous en trouverons systématiquement partout. Au final, notre planète est absurde, et c’est peut-être ce qui la sublime.
Et pour accéder au numéro directement en ligne
Margaux Audinet